Cette rubrique se veut ouverte, de bric et de broc, à tout fouineur amoureux de la tradition musicale, chantée et dansée de nos régions.

Comme autant de loupiotes allumées aux fêtes et kermesses, comme autant de brandons réchauffant les veillées, puissent ces traces de nos ménétriers nous éclairer sur notre patrimoine musical populaire.

Ce patrimoine qui, fatigué de dormir dans les musées, se veut accessible à tous, et en constante évolution pour une pratique contemporaine.
Folkloristes d’antan.Une charmante évocation : Les «Hârkais de l’Amblève et leurs vihès danses »

Le revivalisme qui s’est occupé de la chanson et ensuite seulement des instruments et de la danse populaire a vu le jour vers les années 1870/80. Les groupes folkloriques voient le jour à la même époque souvent sous l’impulsion de la bourgeoisie qui s’intéresse passionnément à la culture populaire.

Cette bourgeoisie qui fait siennes ces manifestations folkloriques pour des raisons qui souvent seront sous-entendues ; soit littéraires (la chanson, la poésie), politiques (danses nationales), culturelles (identité culturelle), de loisirs (folk et spectacles), et commerciales (la celtitude).

Le texte ci-dessous est bien typique quant au « regard » que la bonne société jette sur les manifestations folkloriques de son pays.

Le «numéro » sinon le plus impressionnant, tout au moins le plus évocateur de la dernère Journée de l’Amblève fut le tableau folklorique, très animé et très coloré qui, commencé dans la salle du banquet, entre les tables et les chaises reculées, s’acheva sur la place publique, à l’entrée du sinueux chemin menant vers le fantasque ruisseau de Ninglinspo. ce spectacle fut présenté et réalisé par les « Hârkais et leurs vihès danses », le Hârkais étant des habitants du village de Harre, situé dans la montagne ardennaise, à quelques cinq lieues de Nonceveux.

Ce sont d’ordinaire des valets et des filles de ferme, en général très agés – à les voir paraître on- croit voir descendre de leur cadre les personnages d’estampes d’il y a un siècle – dont le groupe, si l’on peut ainsi écrire, constitue un dernier conservatoire de traditions locales. Il sont quelques couples, très disciplinés, les hommes portant la casquette de soie noire, la blouse de toile bleue déteinte, le mouchoir rouge autour du cou, les femmes étant vêtues du caraco de coupe désuète, dont les longues basques retombent sur les claires jupes de coton, et coiffées de la capuche de paille tressée, à large ruban flottant multicolore. Au son de vieux airs, joués sur un mélancolique Accordéon, par un instrumentiste septuagénaire, les couples exécutèrent, avec une conscience réjouie où semblait revivre toute la joie qu’avaient nos grands-parents à participer aux ducasses villageoises, des danses où les mouvements s’accordent avec la musique en rythmes un peu lents et saccadés?Nous vîmes une sorte de quadrille intitulé : »Li Maclotte », « Li Passe-Pied, « Li Danse des Tcherons » et « L’Amoureuse », où l’expression sentimentale prend souvent les dessus sur la plastique. Ce fut charmant ?/?/ et on ne put s’empêcher d’applaudir ces couples d’humbles domestiques de ferme, venus de cinq lieues de distance prouver sans ostentation que les vieilles danses ancestrales sont, pour beaucoup de raisons, plus belles, plus personnelles que tout ces tangos et autres two-step américains et britanniques qui ont envahi les plus lointains de nos hameaux wallons et flamands. et cette fin de fête ne fut pas sans répandre quelque nostalgie. (« L’Indépendant ») S.P.

A Nonceveux (Province de Liège) vers les années 1935/36 Un reportage de « La Revue Musicale Belge « aimablement communiqué par Thierry LEGROS.

Walter et Jacqueline LENDERS

Voici une « Amoureuse » extraite du carnet du ménétrier Jean-Guillaume HOUSSA que « Les Hârkais » présentèrent à Liège à L’Exposition de l’Eau, en 1939 sous la direction de Gédéon Fanon accompagnés à l’accordéon par Jules Labasse.

(publié dans le Canard Folk de novembre 2000)