Que votre moustache pousse comme la broussaille!– Expressions des peuples, génie des langues -par Muriel Gibert, Ateliers Henry Dougier, Paris 2016, 143pp.

Le titre est l’équivalent de “à vous souhaits”, en Mongolie. L’auteure,chroniqueuse au journal Le Monde où elle a fait un appel aux lecteurs, a recueilli quantité d’idiotismes de différents pays, ce genre d’expressions imagées comme “laid comme un pou”,“haut comme trois pommes”, “la cinquième roue du carrosse” ou “plein comme un boudin”. Cela défile au pas de charge, par charretées entières sous forme d’un texte suivi divisé en autant de chapitres que de thèmes.La musique et la danse sont un peu le parent pauvre de cette désopilante logorrhée. Nous avons néanmoins relevé ce qui suit.

Oncle Sam aime à se déclarer “sain comme un violon”(fit as a fiddle) -un instrument qui l’inspire particulièrement, puisqu’il “joue les seconds violons”(to play second fiddle) quand nous devons nous contenter des seconds rôles. Notons tout de même qu’en français le violon est aussi parfois synonyme de Santé (NDLR:prison).

On a parfois le moral dans les chaussettes ou le bourdon.

En Argentine, on est parfois “plus près de la harpe que de la guitare”, mais au bout du compte on finira par “donner un coup de pied dans la cloche”(à la bulgare),bref passer l’arme à gauche.

Après l’expression “faire un canard”(une fausse note à la trompette), voilà les Allemands qui vont “danser à deux mariages” (courir deux lièvres à la fois). Le “dernier trou de la flûte” ,Bulgarie, est notre“cinquième roue du carrosse”, et “I got it for a song” signifie qu’on a eu quelque chose pour une bouchée de pain.

Alors, en se souvenant des “chaussettes en accordéon” récemment rappelé par Bernard Pivot, on s’est dit qu’il y avait une foule d’autres expressions qui font appel à la musique ou à la danse. Gageons que l’auteure les a aussi dans sa besace, mais qu’elle n’a pas pu les citer,faute de place. Voici donc le résultat d’un petit brainstorming familial.

Donc, vite avant que l’été ne se tire des flûtes,pianotons sur notre clavier, tambourinons aux portes,chassons les bons mots à cor et à cri, en deux temps,trois mouvements, sonnons le tocsin, c’est la guerre à la monotonie ! Votre violon d’Ingres est-il le nôtre ?Dans ce cas, sans céder ni au chant des sirènes ni aux empêcheurs de danser en rond, accordons nos violons pour,dès le chant du coq, après un réveil en fanfare,faire vibrer la corde sensible de nos voisins, les mettre au diapason, car la musique adoucit les mœurs. Inutile de claironner qu’il faut changer de refrain : nous avons fait nos gammes, notre passage sera réglé comme du papier à musique, nous connaissons bien la musique et notre partition. Vous pouvez chanter Malbrouck (Marlborough) ou danser sur la tête, autant pisser dans un violon, vous ne nous couperez pas le sifflet, ne touchez pas à notre biniou : de concert, nous vous enverrons valser au point que vous ne saurez plus sur quel pied danser, vous danserez la gavotte (passerez un mauvais quart d’heure), la gigue et peut-être même la danse de St Guy!

Tentons d’éviter les bémols : ce ne sera pas du pipeau,mais nous ne chanterons pouilles à quiconque, nous ne recevrons pas de contredanses, nous ne ferons chanter personne, même si nous mènerons les ténors à la baguette. Sans avoir l’air et la chanson, nous orchestrerons la fête, nous donnerons le la, nous mènerons la danse, et nous ferons la java, nous astiquerons nos flûtes (nous danserons), notre cœur battant la chamade, nous nous rincerons la cornemuse jusqu’à plus soif.

Flûte alors ! Y en a quand même un qui ronfle comme un sonneur ? Ne tirons pas sur le pianiste, car ce qui vient par la flûte s’en va par le tambour. N’allons pas plus vite que la musique ! Le chat parti, les souris  dansent …

N’oublions pas que cette fête qui va crescendo doit se terminer en point d’orgue, avant que le gong retentisse.Musique, maestro!

Si vous désirez apporter votre pierre à cette construction un peu tirée par les cheveux, n’hésitez pas et écrivez-nous à canard.folk@skynet.be.

 

Marc Bauduin

(paru dans le Canard Folk d’octobre 2017)