Rappelons que vous pouvez écouter des extraits de la plupart des derniers CD présentés dans le Canard Folk tous les jours, vers 18h30 – Choix (aléatoire) différent chaque jour – sur notre webradio TradCan (musique Folk/Trad 24h/24)
www.canardfolk.be/tradcan/mainFR.htm
Quelques notes de diato délicatement posées, rejointes par une flûte traversière pleine de fraîcheur, qui entrent doucement en matière avant de monter chaudement – et temporairement en puissance : ce n’est qu’un des schémas proposés par Lolita Pariaud et Juliette Ferreira, deux musiciennes versatiles en diable dont on ne sait trop si elles habitent Woluwé où elles auraient vu des lamas et des goélands en sirotant une vodka et en se remémorant la cavale de deux femmes dans les montagnes bulgares. « J’ai les pieds qui brûlent » nous dit Dame Gertrude tant elle avait dansé. Cet aperçu des titres de l’album est un peu particulier certes, mais il tente de refléter la diversité des ambiances et des styles au moyen d’un trad vendéen, d’un trad bulgare et d’une série de compositions souvent de Lolita. Bravo à ce jeune duo qui réussit pleinement le lancement de sa « Radio Lambert » en s’échappant des classiques du bal folk.
leskickeuses.bandcamp.com/album/radio-lambert www.facebook.com/p/Les-Kickeuses-100073524888492/ www.youtube.com/watch?v=cGeJGVyx9XQ www.instagram.com/leskickeuses/ leskickeuses@gmail.com
Marc Bauduin (Le Canard Folk N°466 – Juin 2025)
Tara Breen (violon) et Jim Murray (guitares acoustique et électrique, basse électrique) entourent Padraig Rynne, le joueur de concertina du County Clare qui à l’âge de 17 ans avait gagné 5 fois le titre All-Ireland de concertina solo. Sa riche carrière l’a mené à intégrer discrètement des éléments d’autres genres musicaux tout en restant fidèle aux traditions irlandaises, à fonder et rejoindre plusieurs groupes (dont le premier orchestre de concertinas) mais en conservant des activités solo, à développer ses talents de compositeur, à être actif dans l’enseignement … Il est frappant de constater le nombre élevé de compositeurs contemporains à qui il fait appel dans Odyssey. Lui-même place quelques-unes de ses compositions, comme « Mount levers », un air rapide en 7/8 (ça se remarque à peine) plein d’ornementations typiques, avec aussi quelques brefs passages brusques du plus bel effet. L’album est plutôt serein, et se termine par une composition de Jim Murray en 5/8, un peu inattendue mais bien réussie. Un super album !
www.breenrynnemurray.com/ padraigrynne.bandcamp.com/album/odyssey
Marc Bauduin (Le Canard Folk N°466 – Juin 2025)
Louise Bichan – The Lost Summer – Adhyâropa Records
Cette violoniste originaire des îles Orcades (entre les îles Shetland et la pointe nord de l’Ecosse) est allée poursuivre sa formation à Glasgow avant de s’installer aux USA. Son style fait penser à Liz Carroll : mélange de sensualité, de virtuosité et de dynamisme, mais en plus aventureux comme dans la plage titulaire où ses accents se déplacent rapidement (on balance en tous sens) en laissant de la place à un dialogue intimiste et expressif avec des cordes en pizzicato (plaisante découverte), et se terminant par une séquence heurtée avec une flûte traversière stridente. Les dix compositions incluent aussi des airs calmes, dont quelques uns en solo, ainsi que des influences classiques. Louise Bichan est accompagnée de Conor Hearn (guitare), Brendan Hearn (violoncelle), Ethan Setiawan (mandoline, guitare tenor octave) et de plusieurs invités. Il n’y a que 20.000 habitants sur les îles Orcades, cela n’empêche pas d’y trouver des perles ! louisebichan.co.uk louisebichan.bandcamp.com/album/the-lost-summer
Marc Bauduin (Le Canard Folk N°466 – Juin 2025)
Robert John MacInnes – By the Sea
Enregistré sur l’île de Lewis, le premier disque de ce chanteur et pianiste écossais est un EP de cinq morceaux consacrés à la mer, aux côtes et aux lochs de l’intérieur des terres, tel le classique « Bonnie Banks of Loch Lomond » chanté moins rapidement que la tendance actuelle. On ne demande pas mieux. Il a une bonne voix et il chante bien. Basé sur l’île de Skye, il est animateur de Radio Skye depuis 2016, qui organise chaque vendredi un « traditional music show » qui semble bien apprécié. Continue, Robert ! www.robertjohnmacinnes.com/
Marc Bauduin (Le Canard Folk N°466 – Juin 2025)
Spöket i Köket – Grannlåt – Kråktjärn
Voilà un groupe, Spöket i Köket (traduit par « Un fantôme dans la cuisine ») qui n’hésite pas à mélanger les styles ! Sur un ensemble de compositions, inspirées d’univers traditionnels, une dizaine de musiciens chevronnés se lâche dans des styles allant du jazzy, au métal, en passant par du pop bien assumé. Prenez quelques instruments mélodiques, du monde traditionnel ou non, violon, flûtes, accordéon, vielle, ajoutez-y quelques touches rythmiques, guitare, basse, triangle, et pour un gros son, une pincée d’instruments à vents, dont une belle section de cuivres. Pour lier le tout, il convient de peaufiner des arrangements solides, et sur ce plan, on peut dire que c’est réussi. Fusion ? Métissage ? Difficile d’attribuer une étiquette. Certes, ce groupe revendique bien des influences nordiques et canadiennes, et elles sont parfois perceptibles. Mais c’est surtout la qualité mélodique, l’ampleur du son et l’originalité des orchestrations que l’auditeur remarquera. On passe un bon moment ! www.kraktjarn.se www.spoketikoket.com
Jacques Leininger (Le Canard Folk N°466 – Juin 2025)
Smithsonian Institution et Folkways Recording
Smithsonian Folkways est un label sans but lucratif de la Smithsonian Institution. Cette institution possède 21 musées et 14 centres de recherche et d’éducation en sciences, en art et en sciences humaines. Elle fut fondée en 1846 par James Smithson dans le but de diffuser les connaissances.
Folkways Records fut fondé p en 1948 par Moses Asch, qui voulait enregistrer toutes les musiques traditionnelles et contemporaines du monde ! Son travail s’étale sur 2.168 titres. Le tout a été acquis par la Smithsonian Institution en 1987.
Le 3 mai, c’était l’anniversaire de Pete Seeger (décédé en 2014), chanteur, rebelle et voix du peuple qui a dénoncé les injustices avec son banjo, convaincu qu’il était du pouvoir transformateur de la musique. Seeger a inspiré l’humanité entière, la poussant à remettre en question les situations établies, à s’exprimer bien haut et à dénoncer l’oppression partout où elle était présente.
Honorant cet anniversaire et en même temps la fête du travail le 1er mai (instaurée en 1889 pour obtenir la journée de travail de 8 heures) , Smithsonian Folkways Recordings sort 3 albums qui illustrent les luttes des travailleurs : Pete Seeger et son célèbre union songbook, Aunt Molly Jackson en collaboration avec le protest singer John Greenway, et une compilation d’enregistrements qui ont jalonné el movimiento par des activistes-clés Chicanos.
Pete Seeger and chorus – The original Talking Union with the Almanac Singers & other Union Songs – Smithsonian Folkways Recordings
Voici donc treize chansons pour les travailleurs réunies dans le fameux « Union Songbook » de 1955 par Pete Seeger, son groupe The Almanac Singers et un chœur The Song Swappers dont on comprend immédiatement l’utilité : « We shall not be moved » ouvre le bal, si on peut dire, avec un hymne qui date probablement du début 19è siècle, à l’époque de l’esclavagisme et qui fut ensuite mis à toutes les sauces, notamment par le mouvement des « civl rights » contre la discrimination raciale aux USA dans les années soixante, ou par l’opposition pacifiste et anti-nucléaire en Suède dans les années septante. Le chœur en question, c’est bien sûr la masse des opposants … « Talking union » fut créé un peu par hasard en 1941 par des membres des Almanac Singers sur la base d’une chanson de Woody Guthrie, c’est une sorte de blues parlé qui raconte les difficultés d’organiser un congrès syndical. Plusieurs titres sont évocateurs : « I don’t want your millions », « Solidarity forever », « Which side are you on ?” … Ce sont seize belles mélodies, souvent de type blues, ou folk ou même gospel, avec le banjo comme instrument phare. Plus qu’un simple témoignage du passé, ces chansons gardent tout leur potentiel militant, pour peu qu’on se donne la peine d’adapter les paroles. folkways.si.edu/pete-seeger-the-almanac-singers-and-the-song-swappers/talking-union-and-other-union-songs/american-folk-struggle-protest/music/album/smithsonian
The Songs and Stories of Aunt Molly Jackson and John Greenway – Smithsonian Folkways Recordings
Durant les 30 dernières années de sa vie (qui prit fin en 1960, le week-end juste avant l’enregistrement prévu de ce LP), Aunt Molly Jackson enregistra des centaines de chansons pour la Bibliothèque du Congrès et pour des collectionneurs privés. L’option fut alors prise d’enregistrer un LP sur lequel chaque chanson, jouée et chantée par John Greenway, serait largement introduite par Aunt Molly, comme lors d’un véritable concert. Ce serait une manière de la laisser raconter à titre posthume les chapitres de sa vie, elle qui fut constamment plongée dans l’univers des mines de charbon. C’est un magnifique hommage à « tante Molly », personnage attachant qui vivait à une époque où la dureté de la vie est difficilement imaginable aujourd’hui. folkways.si.edu/aunt-molly-jackson-and-john-greenway/the-songs-and-stories-of/american-folk-struggle-protest/music/album/smithsonian
Rolas de Aztlán: Songs of the Chicano Movement – différents artistes – Smithsonian Folkways Recordings
« Rolas », ce sont des airs, en référence aux rouleaux de musique qui actionnaient les pianos dans les bars des années 20 et 30. Aztlan, c’est le pays des Aztèques, « le sud-ouest, notre pays natal », là où se développèrent dans les années 60 et 70 des mouvements de lutte dans les fermes. Cet album est un assemblage de divers petits projets en lien avec les Chicanos, des projets surtout musicaux mais aussi de théâtre, et pour certains l’influence des guitares californiennes et des accordéons texans. L’histoire de ce foisonnement d’activités reste à écrire. folkways.si.edu/rolas-de-aztlan-songs-of-the-chicano-movement/american-folk-latin/music/album/smithsonian
Marc Bauduin (Le Canard Folk N°466 – Juin 2025)
« Norska », « Passe de gochen » et « Ubac » sont les 3 titres de cet EP du groupe Superparquet, un groupe français du genre … électrofolk, transe, musique répétitive, de bourdons … Fruit de la rencontre d’Antoine Cognet (banjo) et Louis Jacques (voix, cornemuses), enfants des bals trad d’Auvergne et de Julien Baratay (machines, voix) et Simon Drouhin (boîte à bourdons), le groupe continue à penser à la danse mais d’une manière qui fera sans doute s’encourir des danseurs de trad tout en attirant d’autres plus jeunes qui adoreront danser une scottiche sur ces rythmes improbables. Eternelle cohabitation d’évolutions en sens divers … airfono.bandcamp.com/ www.palmier-rouge.com/superparquet
Marc Bauduin (Le Canard Folk N°466 – Juin 2025)
GFVP (Ghent Folk Violin project) -Ogopogo – Homerecords
Le Ghent Folk Violin Project, après quelques années de silence, s’est retrouvé sur les planches avec un nouvel album. Quatre violons, cela attire toujours l’attention. Ceux de Wouter Vandenabeele (également compositeur et leader), Lotte Remmen, Anouk Sanczuk et Naomi Vercauteren, bien que provenant d’expériences différentes (folk, jazz, classique, musiques du monde), apparaissent remarquablement unis dans une prestation empreinte d’élégance et de délicatesse. Avec le soutien de la guitare rythmique de Jeroen Knapen, voilà une très belle musique, difficilement classifiable mais peu importe. www.homerecords.be/en/ogopogo-ghent-folk-violin-project
Marc Bauduin (Le Canard Folk N°466 – Juin 2025)
Margaux Liénard & Julien Biget – Sing Sing
On sait que la violoniste voit beaucoup plus loin que le folk dans les répertoires qu’elle interprète. La voici principalement blues en compagnie du guitariste Julien Biget. Et, oui, il y a quand même deux demi-morceaux folk dans cet océan de blues sympa. Mais nous ne présentons pas de cd blues… www.lienardbiget.com/
Marc Bauduin (Le Canard Folk N°466 – Juin 2025)
Solsort – Solsort og Sangbogen – Go Danish Folk (GO0725)
La chanteuse Betina Følleslev saisit l’occasion de la réédition d’un recueil de chansons danoises pour préparer un EP de six titres qui sont autant de chansons exprimant ses relations avec des communautés nordiques. Une très belle voix accompagnée de très bons musiciens parfois tentés par un style américain. gofolk.dk/
Marc Bauduin (Le Canard Folk N°466 – Juin 2025)
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