Arthur Bauduin, jeune violoneux bruxellois, est allé pour la première fois à Ethnoflanders, cette rencontre internationale de musiciens de 16 à 30 ans à Ostende du 2au 10 août. Il nous raconte son expérience.

Marc Bauduin

 

Q: Comment se passe le premier jour, et quels sont les pays représentés ?

R: Quand tu arrives à la gare d’Ostende, un van vient te chercher et t’emmène à l’école où ça se passe. Les gens arrivent toute la journée. On était plus de 60 participants : de Belgique (une quinzaine), Angleterre, Ecosse, Autriche, Allemagne, Croatie, Bulgarie, Chypre, Inde, Chili, Cameroun, Syrie, Tchéquie, USA, France, Suède et Catalogne. Après le souper, chaque pays forme une délégation qui choisit un air à présenter ensemble aux autres pays. Ensuite il ya un petit bar où on discute et où onjoue. L’ambiance est très sympa. On parle surtout anglais.

Répétition d’airs anglais et écossais

Q: Comment se déroule une journée ?

R: On dort dans des dortoirs sur des pneumas. Vers 8h, on est réveillés par un volontaire qui joue un air dans tous les dortoirs. Je n’ai pas été volontaire ! (rires) A8h30 le déjeuner, 9h30 le “morning tune” enseigné par les organisateurs.En fait, ce sont deux airs qu’on joue chaque matin. Ensuite ont lieu les ateliers, il y en a trois ou quatre par jour, où l’on apprend les airs des autres pays. Après le souper, il ya une activité, ensuite et on discute et on joue parfois jusque bien tard dans la nuit !

Q: Comment se passent les ateliers ?Quels sont les instruments, et n’y a-t-il pas des problèmes avec certains instruments qui ne peuvent pas jouer certaines notes ?

R : On était de 15 à 20 personnes par atelier, et on apprenait d’oreille de 1 à 3 airs par atelier. Les instruments, c’étaient beaucoup de violons, trois violoncelles, une contrebasse, des guitares, une guitare basse, des saxophones, une clarinette, des accordéons diatoniques et chromatiques, des percussions, des chanteurs, un nyckelharpa, un instrument estonien, un qanun syrien, des cornemuses, des flûtes à bec et traversières, des pianistes qui avaient amené un mélodica, et un alto (moi). Le répertoire était surtout folk mais les Américains ont proposé un air plutôt blues, et les Chiliens un air plutôt de fanfare. Parmi les airs proposés figuraient des chansons en flamand, en croate, bulgare, tchèque, arabe et estonien.Certaines chansons alternaient avec des passages instrumentaux, mais d’autres étaient beaucoup plus chantées. De grandes feuilles de papier renseignaient les paroles ainsi que les grilles d’accords. Des “artistic leaders” (qui avaient suivi une formation dans ce but à Ethno) se chargeaient des arrangements, en indiquant quels instruments interviendraient à quel moment. D’autre part, ce n’est bien sûr pas simple de chanter des paroles dans des langues qu’on ne connaît pas ! Pas simple non plus, l”air arabe avec des quarts de ton : au début, c’était cacophonique !

Ostende près de la plage

Quelles activités étaient proposées le soir?

R: Le premier soir, c’était des danses des différents pays. Le soir suivant, Mandolin Man est venu en concert. Puis nous avons été jouer près de la plage à Ostende pour annoncer notre concert du lendemain. Le lendemain donc, concert au même endroit, où nous avons amassé un peu d’argent pour nous payer une glace. Ensuite nous avons été en car à Gand pour annoncer notre concert en jouant dans les rues ainsi que sur un bateau (nous étions 72 personnes surle bateau (un record), et nous avons joué dans une salle. Le dernier jour, nous avons joué à 13h30 au festival de Dranouter sous chapiteau devant pas mal de monde.

Q: Les musiciens n’avaient pas trop de difficultés à apprendre les airs d’oreille ?

R:Non, car ils avaient un bon niveau. Certains donnent même des cours de musique. Et puis, il est simple d’enregistrer sur un petit dictaphone en mp3. D’autres ont pris des vidéos et des photos, et tout cela se trouve sur Facebook.

Q:Un souvenir particulier?

R:Peut-être ce Croate avec une longue barbe qui chantait d’une voix forte et rugueuse, et qui alternait avec une cornemuse à double chalumeau. Un matin, c’est lui qui nous arévéillés avec sa cornemuse …

Q: Qu’en retires-tu comme impression générale ?

R: Ce que j’aime, c’est qu’il ya des gens de tous les pays et de la même tranche d’âge, et qu’il y a de la musique en permanence. L’ambiance est joyeuse, j’y retournerai l’année prochaine !

 

(paru dans le Canard Folk d’octobre 2015)

Gand sur un bateau