Voici les considérations d’un habitant de Fauvillers, Monsieur Constant Etienne (1895 – ?), cocher, cultivateur, bûcheron, postier, fabricant de tanin, régisseur, prisonnier de guerre puis encore cultivateur ; propos recueillis par Jean-Pierre Otte dans « Le voyage en wallon », un Radio-livre de la RTBF Namur, Labor / Fernand Nathan, date non mentionnée (années 80).

Constant nous parle des bals tels qu’il les a vécus dans l’entre-deux-guerres.

… On rencontrait sa petite bonne au bal, mais on ne la rencontrait pas comme aujourd’hui : il fallait aller la chercher à la maison et la ramener, car on en était responsable. La maman suivait de loin avec la clé de la maison et quand elle disait « il est tin dè raler, hein Marie » ; alors on retournait à la maison. Quand c’était la fête, on faisait souper au jambon, on était bien reçu. C’est alors qu’on pouvait se considérer comme le coco de la demoiselle !

… Au bal, c’était l’accordéon avec le tambour et la grosse caisse et les gens dansaient, ils savaient danser. Les plus vieux dansaient les quadrilles et les maclottes. Pour bien danser le quadrille ou la maclotte, il faut au moins huit couples. Le quadrille se joue sur un air de régiment de lanciers, tandis que la maclotte se joue sur un air de fermier. La maclotte la plus renommée, c’était la maclotte de Longvilly, près de Bastogne. Les maclottes avaient leur nom. Il y avait celle de Bertogne, de Nadrin, de Nisramont (1) … C’était chacun son air de musique !

… Il y avait aussi le violoneux, le bassie et le tarlatu (2), ils ne chantaient pas mais marquaient la mesure avec sa langue, il avait la gorge sèche à la fin de la soirée.

… Le curé n’aimait pas l’accordéoniste, parce que le curé n’aimait pas qu’on aille danser. Il disait : « ce gredin, avec sa musique, il m’enlève toutes mes pratiques ! » Il était furieux sur le musicien. Quand une jeune fille allait à confesse, le curé lui demandait : « avez-vous été au bal ? » Et si la jeune fille disait oui, il lui donnait la planchette, il ne la confessait pas. C’était un péché mortel d’aller au bal. Après ça, c’est devenu un véniel et maintenant, on danse chez les sœurs.

(1)      Seule la maclote de Longvilly nous est parvenue : voir le carnet n°8 de Rose Thisse-Derouette, mais aussi le 33 tours des Zûnants Plankèts.

(2)      Je ne sais absolument pas ce que signifie « bassie » et « tarlatu »

 

Jean-Pierre Wilmotte