Il y a deux mois, vous avez pu trouver dans cette rubrique une mazurka d’Elisabeth Melchior, accordéoniste wallonne. On était parti sur l’idée de publier le mois suivant une mazurka du violoneux wallon Henri Schmitz, mais nous nous sommes rendu compte que nous ne savions pas d’où provenait la partition en notre possession (et qui circule depuis longtemps parmi les musiciens). Cela a donc pris un peu plus de temps que prévu, car cette mazurka ne figure que sur des enregistrements de collectage non publiés.

C’est finalement Bernard Vanderheijden (merci à lui !) qui nous a fourni une partition basée sur ces enregistrements. Elle diffère de notre partition en deux points : la structure AAB (avec fin sur le premier A) au lieu du classique AABB; et les fins de phrases, qui apparaissent comme des variations possibles.

Voici tout d’abord la partition “incorrecte” – disons plutôt : qui n’est pas fidèle aux enregistrements. Ne vous prenez pas la tête avec des indications comme “D.S. al Fine”, qui signifie qu’il faut retourner au signe placé au début du A, et continuer jusqu’à a “Fine” (la fin, située ici à la fin du premier A).

 

Et voici, sur la base de celle fournie par Bernard que nous avons réencodée notamment pour ajouter une tablature, le reflet des enregistrements (la tonalité originale est Ré). Ajoutons qu’Henri Schmitz remplaçait parfois les deux dernières notes Do – Mi du A2 par Sol – Si (6 et 7 poussés sur la rangée de Sol).

Comme d’habitude, les poussés sont situés au-dessus de la ligne horizontale, les tirés en dessous. Les chiffres entourés d’un rectangle correspondent à la rangée intérieure, celle de Do. Si vous désirez le fichier midi, il suffit de nous le demander par e-mail.

 

Marc Bauduin

Nous avions envoyé à un petit nombre de personnes, quelques questions relatives à la partition de la mazurka de Schmitz. Outre Bernard Vanderheijden qui nous a fourni la partition “correcte”, André Deru nous a répondu par le courrier ci-dessous, qui contient des commentaires sur Schmitz, Melchior et Charneux, entre autres.

Je partage totalement ton approche au sujet de la mazurka de Melchior. Pour moi aussi, depuis toujours, le disque du CACEF est ma référence puisque l’on a la chance d’avoir une interprétation d’Elisabeth elle-même. C’est vrai que sa mazurka présente une légère rudesse mais je crois que cela correspond à l’époque et au tempérament de ces musiciens populaires. Elle est de nos jours devenue une danse lascive proche du slow langoureux… ce que je n’apprécie pas du tout !
J’ai différentes partitions au sujet de Melchior et de Schmitz mais je ne sais pas du tout qui est « responsable » de ces partitions. Certaines, pleines d’erreurs circulent également et c’est bien dommage. C’est de nouveau tout le débat au niveau de la transmission orale et de la transcription de cette tradition qui fige une fois pour toute des mélodies et surtout un type de jeu qui étaient en permanente évolution.
Elisabeth Melchior a enregistré « telle » version mais si ça tombe la veille ou le lendemain, il y aurait eu de petites variantes. C’est tout le charme et l’intérêt de cette musique populaire pratiquée par des « amateurs » au sens noble du terme et que ne s’encombraient pas d’académismes.
Quand à la tonalité d’origine de cette mazurka c’est peut être simplement dû au fait qu’Elisabeth jouait sur un accordéon Do/Fa très répandu à l’époque.

Pour ce qui est d’Henri Schmitz, il faut savoir que lorsqu’il a été retrouvé par Jofroi à Champs en 1972- 1973, il n’avait plus joué depuis de nombreuses années et ne possédait même plus de violon… Il est évident que la façon dont il a rejoué devait être différente de ce qu’il proposait X temps auparavant. L’essentiel de ce qu’il nous a transmis c’est son coup d’achet typique rythmant la danse. Il en va de même pour Constant Charneux que l’on a fait jouer dans des festivals, très âgé, sourd et chevrotant ; il est certain qu’il ne jouait ni ne chantait comme cela 2/3 décennies plus tôt.
Je crois que les structures A B et parfois C et le nombre de reprises ont peu d’importance pour des danses de couple, cela est utile et nécessaire pour les danses à figures mais pour le reste le fait de doubler les A et les B est, à mon avis, une simple convention de facilité et d’habitude entre musiciens c’est typique de nos musiques traditionnelles et cela semble répandu un peu partout, il faut dire aussi que les thèmes sont généralement très courts.
Nos ménétriers jouaient la plupart du temps seuls. Les reprises, les variations de notes,…ne posaient pas de problème tant que « la cadence » de la danse était assurée.

Je te félicite et te remercie pour le « Canard 400 ». Quelle motivation, quelle ténacité ! Cela mérite bien une salve d’applaudissements en guise de cadeau d’anniversaire.
Et pour répondre à ta question, je reste très attaché à la version papier que l’on peut lire et relire n’importe où n’importe quand et que l’on peut également partager avec d’autres et collectionner pour parfois y revenir.
Merci Marc !

André Deru