L’accordéon, moi j’aime !…
aurait pu s’exclamer Dorothée Maillart, jeune organisatrice dont les yeux pétillent d’enthousiasme.

Elle joue de l’accordéon diatonique depuis 7 ou 8ans. C’est Anne Bierna, l’initiatrice du projet tournaisien, rencontrée il y a dix ans,qui un jour est venue chez elle et lui a mis un accordéon entre les mains. Elle a adoré.

Ce vendredi 30 mai, c’était donc la 22ème édition de la fête de l’accordéon, née par contagion du festival d’accordéon à Wazemmes, près de Lille, qui lui a fourni phonétiquement le nom “moi j’aime”. Il y avait de l’ambiance, beaucoup de monde dans les rues autour de la place St Pierre. Beaucoup de couleurs aussi, des bricolages musicaux ludiques sur le pont au-dessus de l’Escaut, une expo de l’académie, de bonnes bières, un stand des accordéons Viseur, des crêpes, et on en passe … Nous avons donc posé quelques questions à Dorothée Maillart.

Marc Bauduin

 

Q: “L’accordéon, moi j’aime”, c’est une asbl avec plein de bénévoles, c’est bien ça ?

R: C’est une asbl avec, depuis le mois d’octobre, deux emplois permanents. Nous recevons des subsides, mais seul celui de la commune est récurrent. La commune nous aide d’ailleurs beaucoup, en prêtant du matériel, en imprimant des documents, … Et nous avons environ 80 bénévoles, qui nous aident aussi quelques jours avant et après la fête. Sans eux, on ne s’en sortirait pas. Nous travaillons beaucoup aussi avec l’associatif : les Passeurs de Rêves (une compagnie de théâtre de rue) ont confectionné les chapeaux surmontés d’un accordéon, le Gué nous propose des bricolages musicaux sur le pont, … ce ne sont que des exemples. Tournai est dynamique !

Q: Comment procédez-vous pour le choix des groupes : vous essayez d’équilibrer les genres musicaux?

R: On essaie d’avoir un équilibre, dans le respect de la diversité, sans tenir compte de nos propres goûts. Nous avons dû refuser quelques groupes, parfois pour des raisons techniques (un équipement trop lourd) ou parce qu’un groupe est trop intimiste (on ne les aurait pas entendus). Plus de 80 groupes, tous bénévoles, sont présents cette année, dans une quarantaine de lieux. Au tout début des rencontres, il n’y avait que huit cafés, je crois.

Q: La commune est probablement heureuse d’un tel événement, qui de plus a dû faire évoluer le regard qu’on porte sur l’accordéon …

R: C’est clair que c’est un attrait culturel pourla commune. Ce soir il y a sans doute de 7 à 8000 personnes – c’est difficile à évaluer puisque c’est gratuit. Un public qui varie en fonction de l’heure, et qui ne vient pas uniquement de Tournai. Et, oui, nous voulons sortir l’accordéon de l’image ringarde et vieillotte qu’il peut avoir. Le renouveau de l’accordéon depuis quelques années fait mentir l’image “nappe à carreaux- saucisson – vin rouge”qu’on m’a un jour citée !

Q: Vous organisez aussi plein d’autres activités pendant l’année.

R: Des concerts d’accordéon, des stages de théâtre et accordéon, de l’éveil musical dans les écoles. Des concerts de proximité : quelqu’un nous appelle en disant qu’il a un grand salon ou une grange, il invite ses voisins et ses amis à une auberge espagnole, et un groupe vient en se faisant payer au chapeau. De même en été, avec notre partenaire le festival d’accordéon d’Avelgem, on trouve selon le même principe une famille flamande et une wallonne, et on échange le public(qui ne se connaît pas, et qui se déplace). Nous avons encore plein de projets très originaux, mais il faut le temps et les moyens.

Q: Il y a aussi la “Caravane Vane”, c’est quoi exactement ?

R: Organisée avec Wazemmes, c’est une randonnée cyclo-touristique, un pique-nique accordéoneux qui a eu lieu dimanche dernier avec 200 participants bigarrés, des vélos customisés. Nous partons de la place St Pierre et eux partent de Lille. C’est un parcours de 18 ou 20 km avec des haltes, une parodie du Tour de France, qui se termine au poste-frontière de Baisieux avec des danses, des chants, un pique-nique, des concerts, une rencontre.

Q: Un dernier mot ?

R: Je voudrais insister sur le fait que la fête d’aujourd’hui n’est pas un festival. C’est la partie visible d’un iceberg.L’accordéon est un prétexte à créer du lien avec l’horeca, l’associatif, les bénévoles, les musiciens et le public, plutôt qu’une simple programmation musicale. Nous sommes vraiment portés par cette énergie-là. Paradoxalement, l’accordéon devient presque secondaire, mais c’est lui qui réunit tout le monde.

Infos : www.accordeontournai.be

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(paru dans le Canard Folk de juillet 2014)