Je suis allé à la fête de la vielle.

La fête de la vielle est organisée depuis 44 ans à Anost (Morvan) par l’Union des Groupes et Ménétriers du Morvan sur un long week-end, celui qui suit le 15 août.

Cette année, on a compté chaque jour quelques centaines de visiteurs, autrement dit peu de monde par rapport aux années précédentes, un tiers peut-être de l’affluence habituelle, ce qui a donné beaucoup d’espace pour les danseurs et les curieux. Ce n’est en tout cas pas le protocole sanitaire sérieux mais plutôt bon enfant qui devait rebuter le public.

Des concerts et bals auxquels je suis allé, je retiens la prestation entraînante de Diaton (Simon Gielen et Johannes Uhlmann au diato, Till Uhlmann à la vielle à roue), le duo poitevin Michaux-Guérin (Vielle / Chroma) avec ses arrangements tout en finesse et surtout les herculéens de Central Bal : autour de Patrick Bouffard à la vielle, il y avait Colin Delzant au violoncelle (joué souvent comme une contrebasse), Jonas Thin aux cornemuses, premier prix d’originalité capillaire (il avait une crête bleue) et Fabien Guiloineau à la guitare. Ces quatre-là ont de la bouteille, et ils arrivent à faire sonner des airs aussi connus que la scottische à Virmoux comme s’ils étaient neufs, avec des contrechants/contrepoints virtuoses.

Bien aimé aussi la prestation des jeunes Benjamin Meunier/ Bastien Buteau : Meunier est un élève de Bouffard, et ça s’entend, il balance facilement 100 Kg sur chaque coup de poignée. A noter que ces vielleux (Meunier, Bouffard etc) n’ont pas hésité à « boeuffer » avec les amateurs de tout poil qui se rassemblent ici et là, ce qui donne aux lieux une ambiance très sympathique.

L’expo de vielles anciennes de Pascal Cranga s’adressait surtout aux connaisseurs ; mais même le néophyte apprécie une tête de vielle avec une bouche articulée, que le musicien pouvait actionner de temps en temps paraît-il.

Quelques luthiers étaient présents : Boudet, Traunecker, Henri Renard, Dinota sans oublier les étranges vielles blanches de l’atelier Albus Draco.

A noter que chaque année deux ateliers vielle à roue sont organisés : un pour la découverte de l’instrument, un pour les musiciens confirmés ; les danseurs ne sont pas oubliés, puisque régulièrement les « Enfants du Morvan » viennent transmettre avec talent la bourrée du Morvan, au pas et à la circulation si particuliers.

Rendez-vous à toutes et tous l’an prochain !

Yves Deplasse

(article paru dans le Canard Folk d’octobre 2021)