Centenaire de la naissance de Derroll Adams (1925-2000)
L’instrument du mois de novembre 2025 :
un banjo Framus à cinq cordes, « Modèle Derroll Adams »
Gérard De Smaele
Novembre 2025
Derroll Adams (Portland/Oregon, 1925 – Anvers/Belgique, 2000).
Carte postale. Publicité Framus pour le banjo “Derroll Adams”.
En 1974, le patron de Framus avait envoyé à Derroll Adams une vingtaine de ces cartes postales, accompagnées d’une lettre lui demandant de les lui renvoyer signées.
Coll. G. De Smaele
Le banjo modèle “Derroll Adams” exposé au MiM
Banjo Framus à cinq cordes
Nashville N-Line / « modèle Derroll Adams »
Première version, dite ‘3 Stars’
N° du modèle : 13022
Pretzfeld, Bavière, Allemagne, ca. 1974
MiM.Inv. 2019.0005
Diamètre de la caisse : 11″ (28 cm)
Hauteur de la caisse : 8 cm
Tone ring de type ‘archtop’
22 barrettes / diapason : 68 cm
Bois : érable multi laminé / rosewood (palissandre)
Cordier à 5 branches réglables, de type ‘Oettinger’
Don au MiM, 2019 :
Christine Di Silvresto, Dr Emmanuel Mariaule / G. De Smaele
Ce banjo à cinq cordes fut offert au MiM en 2019. La production de cet instrument fut supervisée dans les années 1970 par Derroll Adams, à qui est consacrée une exposition de ses œuvres picturales, présentée au MiM dans le bâtiment Saintenoy et à la Vleeshuis d’Anvers, en ce mois de novembre 2025 .
Pour faire suite à l’article paru en juin dernier dans le Canard Folk et dans la revue Cinq Planètes, voici la fiche qui sera livrée au public, en trois langues, dans la page ‘instrument du mois’ du site de l’institution. Elle y sera agrémentée de liens faisant état des collections relatives au banjo, conservées dans les réserves et à la bibliothèque du musée. Nous pouvons espérer que ce ‘coup de projecteur’ sera le prélude à l’entrée du banjo dans le parcours permanent, envisagé pour 2026, une démarche qui a déjà été concrétisée cette année au Musée de la musique de Paris.
Voir : www.mim.be/fr/sous-les-projecteurs.
Derroll Adams, chanteur et banjoïste américain, est né en 1925 à Portland, Oregon. Il arriva en Angleterre en 1957, traversa ensuite la France et l’Italie en compagnie de Jack Elliott (°1931), qu’il était venu rejoindre à Londres, et se posa finalement en Belgique. Cest là qu’il s’établit et qu’il terminera ses jours en février 2000. De Bruxelles puis d’Anvers – son hub stratégique – l’artiste rayonnera à travers l’Europe. Armé d’un solide héritage musical, mis en valeur par un talent et un charisme exceptionnels, il marquera de son empreinte le folk revival des années soixante et soixante-dix, tant en Angleterre que sur le continent européen.
Pour nous, l’année 2025 sera celle du centenaire de la naissance de ce personnage devenu légendaire, né un an après Earl Scruggs (1924-2012), six ans plus tard que Pete Seeger (1919-2014), ses illustres banjoïstes contemporains, qui firent renaître après la guerre un instrument en voie de disparition.
La peau – d’origine animale ou synthétique – et la forme ronde de sa caisse caractérisent le banjo, tandis que le 4, le 5 et le 6 cordes restent encore trop souvent confondus du grand public. Malgré leurs points communs, ces instruments appartiennent cependant à des univers musicaux différents. Avec sa courte chanterelle, fixée latéralement à même le manche, la configuration du banjo à cinq cordes nous ramène directement à ses origines africaines. Bien que le timbre des banjos joués au plectre (comme le ténor et le plectrum durant les débuts du jazz) ait profondément marqué les esprits durant l’entre-deux guerres mondiales, c’est cette version originale à cinq cordes qui historiquement représente sa forme la plus pérenne. Elle est aujourd’hui associée au riche répertoire de la musique traditionnelle américaine (dans la old time music et le bluegrass), tandis qu’au 19e siècle l’instrument s’était imposé au centre de la scène du ministrel show, pour évoluer par la suite vers un style de jeu dit ‘classique’.
Bien que dès le 19e siècle le minstrel ‘stroke’ style et le ‘classic’ finger style aient aussi connu un formidable essor en Angleterre, il faudra attendre le grand folk revival des années 1960 et 1970 pour que le banjo à cinq cordes réapparaisse de manière significative sur le continent européen. Au moment de l’arrivée de Derroll Adams en Belgique, celui-ci était encore un grand absent des boutiques d’instruments de musique de Bruxelles. En plus d’un taux de change défavorable, des frais d’importation prohibitifs compliquaient son importation depuis les USA. Celui qui ne pouvait se rendre à Londres à la recherche d’un banjo ancien, devait alors se contenter d’un Framus ou d’un Marma, des marques provenant d’Allemagne et d’Europe de l’Est, seuls fabricants des banjos présents sur notre marché. Figure devenue incontournable, Derroll Adams s’était bâti une solide réputation chez nous – essentiellement en Europe – dans les cercles de la folk music. C’est dans ce contexte que l’artiste fut approché en 1972 par Fred Wilfer, le directeur de la firme Framus (rendue notamment célèbre par la guitare acoustique Zenith 17 jouée par Paul McCartney), afin de diffuser en Europe un instrument à la fois abordable et de bonne qualité. Il sera proposé à la vente jusqu’à la fermeture de l’entreprise, victime de la concurrence japonaise, à la fin des années 1970
Le présent exemplaire possède une couverture de cheviller ornée d’un motif à trois étoiles. Il repré- sente la première version du modèle éponyme. Derroll Adams y apportera par la suite divers ajustements.
Gérard De Smaele
www.desmaele5str.be
Derroll Adams.
Publicité Framus, recto, 1975.
Coll. G. De Smaele.
MiM Inv. 2018.299a Cote 6 R 224a
Avec son résonateur, l’instrument de gauche s’oriente en principe vers un banjo de bluegrass, tandis que celui de droite serait plutôt un banjo open back pour la old-time music. Pour être cohérent avec l’usage qui en est fait, les ‘Scruggs tuners’ devraient se trouver sur le N-Line et non l’inverse. Il est à noter que la différence entre les instruments destinés à ces deux styles de jeu du banjo ne se limite cependant pas au résonateur ou aux accordeurs. Notons aussi que le M et le N représentés sur ce flyer ont tous deux une peau marquée du logo “Framus Nashville” !
Photos : G. De Smaele
Page de titre : Derroll Adams (Portland/Oregon, 1925 – Anvers/Belgique, 2000).
Carte postale. Publicité Framus pour le banjo “Derroll Adams”. En 1974, le patron de Framus avait envoyé à Derroll Adams une vingtaine de ces cartes postales, accompagnées d’une lettre lui demandant de les lui renvoyer signées.
Coll. G. De Smaele
Le banjo modèle “Derroll Adams” exposé au MiM
Banjo Framus à cinq cordes
Nashville N-Line / « modèle Derroll Adams » Première version, dite ‘3 Stars’
N° du modèle : 13022
Pretzfeld, Bavière, Allemagne, ca. 1974 MiM.Inv. 2019.0005
Diamètre de la caisse : 11 » (28 cm) Hauteur de la caisse : 8 cm
Tone ring de type ‘archtop’
22 barrettes / diapason : 68 cm
Bois : érable multi laminé / rosewood (palissandre) Cordier à 5 branches réglables, de type ‘Oettinger’
Don au MiM, 2019 :
Christine Di Silvresto, Dr Emmanuel Mariaule / G. De Smaele
Ce banjo à cinq cordes fut offert au MiM en 2019. La production de cet instrument fut supervisée dans les années 1970 par Derroll Adams, à qui est consacrée une exposition de ses œuvres pictu- rales, présentée au MiM et à la Vleeshuis d’Anvers, en ce mois de novembre 2025 dans le bâtiment Saintenoy.
Pour faire suite à l’article paru en juin dernier dans le Canard Folk et dans la revue Cinq Planètes, voici la fiche qui sera livrée au public, en trois langues, dans la page ‘instrument du mois’ du site de l’institution. Elle y sera agrémentée de liens faisant état des collections relatives au banjo, conservées dans les réserves et à la bibliothèque du musée. Nous pouvons espérer que ce ‘coup de projecteur’ sera le prélude à l’entrée du banjo dans le parcours permanent, envisagé pour 2026, une démarche qui a déjà été concrétisée cette année au Musée de la musique de Paris.
Voir : www.mim.be/fr/sous-les-projecteurs.
Derroll Adams, chanteur et banjoïste américain, est né en 1925 à Portland, Oregon. Il arriva en Angleterre en 1957, traversa ensuite la France et l’Italie en compagnie de Jack Elliott (°1931), qu’il était venu rejoindre à Londres, et se posa finalement en Belgique. Cest là qu’il s’établit et qu’il termi- nera ses jours en février 2000. De Bruxelles puis d’Anvers – son hub stratégique – l’artiste rayonnera à travers l’Europe. Armé d’un solide héritage musical, mis en valeur par un talent et un charisme exceptionnels, il marquera de son empreinte le folk revival des années soixante et soixante-dix, tant en Angleterre que sur le continent européen.
Pour nous, l’année 2025 sera celle du centenaire de la naissance de ce personnage devenu légendaire, né un an après Earl Scruggs (1924-2012), six ans plus tard que Pete Seeger (1919-2014), ses illustres banjoïstes contemporains, qui firent renaître après la guerre un instrument en voie de disparition.
La peau – d’origine animale ou synthétique – et la forme ronde de sa caisse caractérisent le banjo, tandis que le 4, le 5 et le 6 cordes restent encore trop souvent confondus du grand public. Malgré leurs points communs, ces instruments appartiennent cependant à des univers musicaux différents. Avec sa courte chanterelle, fixée latéralement à même le manche, la configuration du banjo à cinq cordes nous ramène directement à ses origines africaines. Bien que le timbre des banjos joués au plectre (comme le ténor et le plectrum durant les débuts du jazz) ait profondément marqué les esprits durant l’entre-deux guerres mondiales, c’est cette version originale à cinq cordes qui historiquement représente sa forme la plus pérenne. Elle est aujourd’hui associée au riche répertoire de la musique traditionnelle américaine (dans la old time music et le bluegrass), tandis qu’au 19e siècle l’instrument s’était imposé au centre de la scène du ministrel show, pour évoluer par la suite vers un style de jeu dit ‘classique’.
Bien que dès le 19e siècle le minstrel ‘stroke’ style et le ‘classic’ finger style aient aussi connu un formi- dable essor en Angleterre, il faudra attendre le grand folk revival des années 1960 et 1970 pour que le banjo à cinq cordes réapparaisse de manière significative sur le continent européen. Au moment de l’arrivée de Derroll Adams en Belgique, celui-ci était encore un grand absent des boutiques d’ins- truments de musique de Bruxelles. En plus d’un taux de change défavorable, des frais d’importa- tion prohibitifs compliquaient son importation depuis les USA. Celui qui ne pouvait se rendre à Londres à la recherche d’un banjo ancien, devait alors se contenter d’un Framus ou d’un Marma, des marques provenant d’Allemagne et d’Europe de l’Est, seuls fabricants des banjos présents sur notre marché. Figure devenue incontournable, Derroll Adams s’était bâti une solide réputation chez nous – essentiellement en Europe – dans les cercles de la folk music. C’est dans ce contexte que l’artiste fut approché en 1972 par Fred Wilfer, le directeur de la firme Framus (rendue notamment célèbre par la guitare acoustique Zenith 17 jouée par Paul McCartney), afin de diffuser en Europe un instrument à la fois abordable et de bonne qualité. Il sera proposé à la vente jusqu’à la fermeture de l’entreprise, victime de la concurrence japonaise, à la fin des années 1970
Le présent exemplaire possède une couverture de cheviller ornée d’un motif à trois étoiles. Il repré- sente la première version du modèle éponyme. Derroll Adams y apportera par la suite divers ajuste- ments.
Gérard De Smaele
Derroll Adams.
Publicité Framus, recto, 1975. Coll. G. De Smaele.
MiM Inv. 2018.299a Cote 6 R 224a
Avec son résonateur, l’instrument de gauche s’oriente en principe vers un banjo de bluegrass, tandis que celui de droite serait plutôt un banjo open back pour la old-time music. Pour être cohérent avec l’usage qui en est fait, les ‘Scruggs tuners’ devraient se trouver sur le N-Line et non l’inverse. Il est à noter que la différence entre les instruments destinés à ces deux styles de jeu du banjo ne se limite cependant pas au résonateur ou aux accordeurs. Notons aussi que le M et le N représentés sur ce flyer ont tous deux une peau marquée du logo “Framus Nashville” !




