CF 2 (décembre 1982)

In de Kwak : Cinq ans après

Cinq ans que ça dure, près de 100 bals et animations aux rythmes de la bourrée ardennaise et des rondeaux auvergnats, In De Kwak a rangé ses épinettes au grenier: elles étaient pourries !

Une récente enquête sur l'évolution des goûts des jeunes les a placés devant un dilemme que la crise rend chaque jour plus menaçant: changer ou crever !

L'image est ternie, et il devient urgent d'en raviver les couleurs. Qu'on obstrue le raccourci qui unit trop facilement la cornemuse, le feu de bois, la trappiste, le jupon mauve et la sale petite gayole ... Le programme est simple: décaper avant de repeindre.

Nous avons rencontré pour vous deux membres du groupe dont nous reproduisons ici les propos:

"La majorité de la demande qui nous est faite s'oriente vers l'animatîon de bals, et à cet effet toutes les occasions sont bonnes: fétes du cochon, ordinations, bals scouts ou patros, occupations d'usines, bals de parti, anniversaires, mariages, rassemblements sportifs ou syndicaux...

Quant à la musique que nous jouons, elle est de plusieurs origines : d'un côté on puise dans le répertoire du 19e siècle (comme tous les groupes concurrents), que nous considérons comme un matériau brut: le rendre tel quel nous semble facile et insuffisant. Nous envisageons donc prioritairement les opérations d'"actualisation" (harmonisation, arrangement, mise en scène musicale) qui font qu'une mélodie "domaine public" devienne notre musique.

Dans un même ordre d'idées, nous faisons emprunt à des répertoires traditionnels non encore exploités (grec, américain, suédois) que nous essayons d'adapter sans démolir; enfin, une priorité toute spéciale est donnée aux compositions personnelles des membres du groupe."

Et l'accordéoniste d'enchaîner:

"Il est bien rare, là où nous jouons, de voir les gens spontanément danser. C'est triste mais c'est ainsi ! Ceci pour dire que nous livrons toujours un volet chorégraphique pour ne pas laisser les danseurs inanimés sur la piste. Généralement, les pas de base sont démocratisés au début du bal pour qu'à la fin il soit possible pour tous de prendre part à toutes les danses. Faut-il rappeler aux lecteurs que la danse, qu'elle soit d'origine traditionnelle ou non, a toujours été le moyen le plus sain de se réapproprier son corps et celui des autres? Quoi de plus communicatif que la danse dans un siècle qui génère l'angoisse et la peur?

Enfin, les statistiques nous enseignent qu'à l'issue de nos prestations, les gens se marient 50 fois plus qu'en sortant d'une boîte à la mode ... De là à imaginer notre rôle profondément social, il n'y a qu'un pas."

In De Kwak: un groupe bien agréable

pour rendre la crise plus supportable.

Contact: Véro et Didier 02/ 771.07.19